La bienpensance de Marc Bonnant est-elle de l’ordre du raisonnable ?

Beaucoup de réaction concernant l’intervention de Marc Bonnant sur Radio lac :

N’allez pas partir en vrille tout de suite, il y a beaucoup de chose à dire sur son intervention. Vous pouvez même regarder la vidéo en entier que ce simple extrait afin de construire votre argumentaire[1]

Le physique avant l’identité

Je commence par ce qui me semble le plus simple, sans aller très loin dans l’analyse, j’en conviens :

une femme est d’abord une physiologie parfois éclairée par l’intelligence.

C’est discutable, tout à fait inapproprié même. Mais pas dans le contexte de Marc Bonnant. Il en est tout autre. Qu’est ce qui, ou mieux, qui est-ce qui en fait une « physiologie avant d’en faire une personne » ? Nous, les hommes et la société occidentale.

Les femmes sont d’abord des sexes, ou plutôt un vagin avant d’être des personnes dans notre société. Le traitement qu’on fait de l’image des femmes se reflète dans cette phrase. Le corps de la (des) femme(s) passe(nt) avant son intelligence. Et on peut le mesurer à la vision masculiniste de ce qu’est une femme accessible et disponible et d’une femme mariée et/ou mère » indisponible. D’où le titre très conservateur de « Madame » et de « Mademoiselle« . Ce fut même un temps, une preuve de liberté et d’émancipation du système patriarcat, quand une femme fièrement, reprenait fort à propos, la personne qui osait lui donner du « Madame« . C’était le titre émancipateur. « Mademoiselle est libre, mais pas disponible« . Elle n’est pas Marié, sous la coupe d’un Mâle. L’évolution des classes sociales et des genres font que le statut marital des femmes n’est plus (pas) de l’affaire des hommes ni du domaine public. Je partage très fièrement cette avis d’ailleurs. Pucelles et puceaux ne viendraient à l’esprit de personne pour qualifier l’enfant du voisin… ou alors il y a un sérieux problème… de sexualisation… justement… allons y gaiment sur la sexualisation des genres.

Marc Bonnant s’appuie sur cette réalité là. Les femmes sont des iconographies sexuelles et parfois des femmes intelligentes, c’est injuste, on l’entend même au tout début, sur le bout des lèvres dans sont intervention que c’est une vision injuste mais néanmoins la sienne. Il aurait d’ailleurs du être plus claire. Mais, le direct fait que parfois, il y a des erreurs. Son constat est injuste, mais c’est son constat. Les femmes donnent dans la beauté et la séduction là ou les hommes donnent dans la progression sociale via la réussite professionnelle. Les hommes sont et doivent être dans la performance. Des exemples d’objectivation et de sexualisation, le web en regorge[2] tout comme l’intellectualisation scientifique de la culture du viole et du sexisme [3] afin de s’opposer ou d’expliquer ce que Marc Bonnant avec ses mots et sa verbe provocatrice tante de faire passer comme message.

Femme sexualisée tu es, et sexualisée tu resteras

Dans tout le discours de l’avocat, il y a une phrase qui fait complétement opposition à ce qu’un réactionnaire penserait et des factos ce que nous penserions du discourant

la vie de la femme qui est lourdement sexuée.

Cette petite notion change tout ce que l’on peut entendre, comprendre et interpréter. Il faut comprendre cette phrase de la manière suivante :

Les règles qui régissent la vie des femmes ne sont pas les mêmes que celles des hommes.

Fondamentalement, c’est sur ce concept que Monsieur Bonnant se base pour expliquer sa vision des ressources allouées aux compétences et aux objectifs professionnels.
Les femmes, du fait qu’elles sont objectivées, sexualisées, cantonnée à un rôle de femme ou de mère, ou de grand-mère, ont moins de ressources à mettre à profits  aux compétences et objectifs professionnels. Leurs multiples ressources doivent aussi être mises ailleurs. C’est pas pour rien qu’on emploi plus souvent le terme « femme carriériste » qu' »homme carriériste ». Les femmes doivent faire un choix, la famille ou la carrière… dans notre société, l’inverse existe pour les hommes, mais un père de famille qui ne travaille pas c’est quoi ? Un irresponsable ? Un chômeur ? Tout est dans la vision qu’on se donne au terme mère de famille. Elle travaille la mère de famille ? Posons-nous la question. Un père de famille peut faire le choix de ne pas travailler comme une mère de famille faire le choix de travailler sans pour autant l’obliger à se définir en « carriériste ».

D’une certaine manière, c’est une critique sociologique que fait Marc  Bonnant. Il admet qu’a compétences égales, il ne peut y avoir QUE salaire égale. Il le souligne même avec le terme, « …aucune raison ne justifierait…« . Cela dit, il justifie, lui, son point de vue de moins payer les femmes avec le terme « parité de compétences » englobant le temps et l’énergie alloués au maintient et à l’amélioration des dites compétences. Il souligne donc, et appui ses propos par le fait, qu’aujourd’hui, les femmes doivent encore sacrifier beaucoup plus (en lien avec le mot « lourdement« ) de ressources et compétences à l’extérieur de l’environnement professionnel que les hommes. A cause notamment de leur(s) vie(s) lourdement sexuée(s). Donc, la logique veut que les femmes soient moins bien payés.
Cela l’arrange peut-être, surement même, mais il exprime par cette phrase, « la vie de la femme qui est lourdement sexuée« , que ce n’est pas à lui de mieux payer les femmes ou de payer à parité les genres, mais à la société de permettre d’allouer plus de temps, d’énergie et de compétence à ses objectifs professionnelles, qu’importe le genre (c’est moi qui change la dénomination femme/homme par genre car cela englobe plus d’entités que les deux sexes).

Mais la aussi il y a une interrogation à avoir, qu’est ce que la parité des compétences dont Marc Bonnant fait référence. Et surtout, motive-t-il le fait que hommes et femmes n’ont pas les même compétences et ne peuvent avoir les mêmes du fait du traitement que les hommes imposent aux femmes ? Il faudrait une petite explication sur ce sujet, mais n’oublions pas qu’à la radio… le temps est précieux et qu’il faille parler peut et aller à l’essentiel sans paraphraser.

Mon opinion qui ne regarde que moi mais que je vous partage parce que je suis généreux…

Je n’aime pas Monsieur Bonnant pour de multiple raisons, dont cette forme de lâcheté, à se cacher derrière les travers sociaux pour justifier la pesé de ses propres intérêts envers et contre l’évolution sociale. Je suis certain qu’il est loin d’être lui-même patriarcat au point de laisser le rôle de femme le soin de faire le café. Du moins, je l’imagine. Sa culture doit forcément l’amener à conclure que les femmes ont autant apportés à l’humanité que les hommes. Il doit forcément savoir que les auteures (autrices?) de références sont nombreuses et malheureusement méconnues à tord (et ne me dites pas qu’il y a que du Bauvoire ou Marie Curie… Il doit aussi forcément savoir que les objectifs sociaux changent. La carrière n’est plus la raison d’une réussite, la famille n’est plus le moteur d’une vie accomplie. Si ce n’est pas le cas, je pense qu’en effet, Maitre Bonnant est un personnage du passé, qui n’a de rayonnement que dans sa fonction d’avocat et rien d’autre.

Tant que les femmes seront autant sexualisées et sexuées, les autres évolutions comme la parité des congés maternités/paternités, l’incarnation des rôles familiaux, les objectifs personnelles, professionnelles, les réussites sociales économiques environnementales n’évolueront pas. Quand nous les hommes changeront notre regard concernant les femmes, quand nous admettront nos multiples erreurs quand nous accepterons enfin les femmes telle ce qu’elles devraient être, c’est à dire nos égales alors nous verront qu’on a tellement perdus toutes ces années… Je suis persuadé que nous avons tellement plus à apprendre ensemble.


[01]Le débat du club radio Lac de Béatrice Rul du 25 octobre 2018
[02]tumblr des objectivation des femmes sur les affiches de cinéma d’Hollywood : The Headless Women of Hollywood

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Publié dans Politique

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